Ours, lunes, ragnagnas… D’où viennent ces expressions sur les règles ?

Gêne ou pudeur, nommer les règles a de tout temps été un exercice compliqué. Cela a valu à notre cycle menstruel de prendre les doux noms d’ours, de ragnagnas, de lunes, de coquelicots ou encore de tomates, pour ne citer que ceux là. Tout sauf prononcer LE mot. Le terme employé à la place a parfois une connotation négative, ce qui en plus d’être crispant pourrait nous donner une piètre vision de nous-mêmes. Bon il y a aussi des expressions rigolotes, ne soyons pas bégueules. Mais au fait, d’où viennent-elles et que signifient-elles ? Petit lexique non exhaustif des expressions désignant les menstruations, en France ou ailleurs.

Avoir ses lunes

Commençons par un peu d’étymologie (et de poésie). En Indo européen, puis en grec ancien, mênê désigne la lune. De là, les cycles lunaires ont donné lieu au mot latin « mensis », qui signifie « mois ». Le terme menstruation nous vient donc de la lune, notre beau satellite que les Indiens d’Amérique voyaient comme une femme, et la qualifiaient d’indisposée lorsqu’elle était en phase décroissante ! Aujourd’hui, avoir ses lunes veut dire avoir ses règles, pas forcément qu’on est mal lunée.

Avoir ses ragnagnas

Moins cosmique et surtout moins sympathique, l’expression ragnagnas serait une onomatopée évoquant les râleries et les récriminations d’une femme quand elle a ses règles. Donc forcément de mauvaise humeur (sans commentaires). Elle est plutôt récente et surtout vilaine à dire, alors quitte à faire une assonance - vous chercherez la définition si vous êtes curieuses - moi je préfère avoir mes tagadas (expression d’une copine à moi).

Ecraser ses tomates (ou avoir sa semaine ketchup)

Pas vraiment besoin de faire un dessin ici. Tout est dans la couleur. A vous de décider si vous êtes plutôt fruit ou fleur - car on peut aussi avoir ses coquelicots, ou encore sa semaine des airelles, quand on est Danoise. Et si vous voulez vraiment l’afficher (la couleur), sortez fièrement le drapeau rouge. En tout cas au Benelux, c’est ce qu’elles font.

Avoir ses ours

Encore une façon de dire que nous sommes d’humeur massacrante pendant notre cycle menstruel. Enfin, si on se fie à la première théorie. Celle-ci date du début du XXe siècle et prétend, puisqu’on qualifiait d’ours un homme bourru mal embouché, que cet ours c’était nous, quand nous avons nos règles. Soupir… La seconde théorie viendrait elle d’« avoir ses jours », les fameux où se montrer en société était plus délicat (la culotte menstruelle n’existait pas encore, c’était beaucoup moins pratique... alors le maillot de bain menstruel n'en parlons pas !). Une expression un peu ancienne qui au fil du temps serait devenue « avoir ses ours », qu’on prononçait sans le « s » jusqu'à la fin du XIXe siècle et aurait prêté à confusion. Entre les deux explications, à vous de choisir celle que vous préférez.

Les Anglais ont débarqué

Voilà une expression qui trouve son origine à Waterloo, et la célèbre défaite essuyée en 1815 par ses hommes contre les Anglais. Ceux-ci portaient de superbes tuniques rouges quand ils ont débarqué sur le champ de bataille. Impressionnant ! Gustave Flaubert baptisa peut-être le premier le cycle menstruel féminin « les Anglais », soulagé qu’il était quand ils débarquaient chez sa maitresse Louise Colet, qu’il craignait terriblement de mettre enceinte.

Avoir le melon qui se fend

Les Japonais ne manquent pas de créativité et pratiquent la métaphore avec grâce. Ils le prouvent une fois de plus avec cette expression très imagée et pleine de fraîcheur.

Et toutes ces expressions sur les règles dont je ne vous ai pas parlé

Ce petit lexique est bien sûr incomplet tant l’imagination est riche quand il s’agit de noyer le poisson. Sans jeu de mot c’est promis. Pensons au délicieux « Liverpool joue à domicile » chez les fans de foot, ou « attention au stop » chez les défenseurs de la sécurité routière. A vous d’enrichir la liste si vous êtes inspirées !

 

Par Elise