Comment parler des règles à sa fille ?

Afin de permettre à votre fille de bien vivre sa féminité et tout ce que cela implique, il est important de laisser une belle porte ouverte à la communication pour parler sans tabou de puberté, sexualité, contraception, sentiments et émotions… Les règles méritent également des explications mais aussi de l'écoute et de la compréhension car ce phénomène naturel peut être mal compris et mal vécu.

Quand entamer la conversation sur les règles ?

L'âge moyen de la puberté ne fait qu'avancer chez les jeunes filles depuis quelques années et il se peut que la vôtre vive ses premières règles dès l'âge de 8 ou 10 ans ! N'attendez donc pas ses 13 ans pour commencer à lui en parler.

L'idéal est encore d'entamer la conversation le plus tôt possible, dès que votre fille aura appris l'existence des saignements menstruels. Si comme beaucoup de mamans, vos jeunes enfants ne peuvent pas s'empêcher de vous suivre partout jusque dans les toilettes, ils découvriront très vite que vous avez vos règles tous les mois. Les enfants cherchent continuellement à comprendre le monde qui les entoure et ils ne tarderont pas à vous poser des questions sur ce sang.

Comment parler des menstruations ?

La première des choses à faire est de rassurer votre fille : vous ne vous êtes pas blessée et vous n'avez pas mal. En effet, c'est ce qu'elle risque de penser en premier lieu. Voir autant de sang signifie forcément pour elle que vous souffrez et que c'est peut-être même grave. Vous pouvez donc lui dire que vous n'avez pas mal, juste un peu au ventre si c'est le cas.

Ensuite, vous pouvez lui expliquer avec des mots très simples mais corrects (appelez un chat un chat) que cela arrive chaque mois à toutes les femmes qui n'ont pas de bébé dans le ventre. Insistez sur l'aspect naturel et normal des menstruations. Ajoutez qu'elle aussi, elle aura ses règles, un jour, quand elle sera grande. Même si cette conversation vous gêne, essayez de rester « zen » pour transmettre le moins d'appréhension possible à votre fille.

Montrez-lui par votre attitude que ce n'est pas une grosse affaire, qu'il n'y a pas à avoir honte, à se cacher. Évitez par contre de verbaliser ce genre de sentiments négatifs même pour les rejeter. Cela pourrait insinuer en elle l'idée que les règles peuvent être problématiques d'un point de vue personnel ou social.

 

Et si la découverte des règles ne se fait pas naturellement ?

Il se peut que vous ne soyez pas à l'aise avec le fait que votre fille puisse voir vos règles, même très jeune. Dans ce cas, attendez qu'elle évoque le sujet elle-même. Elle tombera peut-être sur vos protections ou en entendra parler à l'école et vous posera certainement des questions.

Encore une fois, abordez la conversation le plus simplement du monde et veillez à bien répondre à toutes ses questions. Votre fille ne doit pas rester dans le doute et l'ignorance de certains aspects qui l'intriguent, car c'est souvent le manque de connaissances qui inspire la peur et le rejet.

Si les questions ne viennent pas, prenez le temps de lui en parler une fois ses 10 ans passés. Demandez-lui d'abord ce qu'elle connaît des règles puis, comblez les lacunes avec, cette fois, un vocabulaire plus précis et complexe. À cet âge, elle peut tout à fait comprendre les subtilités du cycle menstruel.  N'hésitez pas à lui montrer des schémas, des vidéos.

Parlez-lui des différentes protections hygiéniques existantes et proposez-lui d'en acheter pour qu'elle soit prête le jour J. Vous pouvez en faire un moment agréable de shopping entre filles et lui offrir les protections qu'elle a choisi dans une belle boite cadeau. Les règles devraient être vécues comme un passage heureux vers une vie aux possibilités élargies et non pas comme une corvée ou une honte.

Les jeunes filles rêvent souvent d'être plus grandes et l'arrivée des règles est clairement le signe qu'elles sont en train de devenir des femmes. Réjouissez-vous donc avec votre fille de cette étape importante. Demandez-lui ce qu'elle ressent vis-à-vis de tout ça et accueillez ses émotions avec bienveillance.

Et si vous êtes totalement bloquée ?

Inutile de vous rendre malade à l'idée de faire quelque chose qui vous met très mal à l'aise. La puberté de votre fille peut être un bon moment pour vous poser des questions sur la raison de votre gêne mais là n'est pas la question ! Si vous ne pouvez pas en parler ou bien si vous pensez que vous le ferez de manière maladroite, vous avez la possibilité de confier cette tâche à une femme en laquelle vous avez confiance : sœur, belle-sœur, amie intime, etc.

Votre fille vivra mieux l'arrivée de ses premières règles si la personne avec qui elle communique est elle-même détendue à ce sujet. Ne culpabilisez pas de ne pas réussir à accompagner votre fille vous-même. Chacune d'entre nous a son propre vécu, ses propres expériences et aucun jugement n'a sa place en ce qui concerne ce sujet.

 

Les tabous des générations passées perdent de plus en plus de terrain et c'est tant mieux ! Mais il reste du chemin à faire vers une liberté d’expression totale en ce qui concerne les règles, même dans notre pays. Passez le relais à votre fille en beauté pour l'aider à finir ce long parcours de la libération des femmes !

Par Emilie