Règles et performances sportives

Les sportives de haut niveau n'ont pas le choix : elles doivent être au top au bon moment si elles ne veulent pas voir la victoire leur passer sous le nez. Mais si la compétition tombe un jour de règles ou en plein syndrome pré-menstruel, que se passe-t-il ? Leur performance en sera-t-elle influencée ? Verront-elles leurs efforts acharnés réduits à néant ? Petit tour d'horizon de cette problématique rarement évoquée dans un milieu où les menstruations sont encore tabou.

Menstruations et forme physique

Plusieurs études ont été réalisées pour déterminer l'influence du cycle menstruel sur les performances des sportives. Les résultats sont assez étonnants : elles montrent toutes que les différences ne sont pas significatives. Qu'elles soient en début, milieu ou fin de cycle, les sportives de haut niveau réalisent à peu près les mêmes performances. En effet, la concentration plasmatique de lactate qui permet de contrôler et mesurer l'exercice physique reste la même tout au long du cycle.

Pour les femmes ne présentant aucun symptôme particulier pendant les règles, il n'y aurait donc pas de véritable problème. Par contre, celles qui vivent certains désagréments comme des maux de tête, des nausées voire des vomissements, des crampes prononcées, auront des difficultés à être au top, ce qui paraît assez logique.

Il faut également noter que les études sont effectuées grâce à des femmes ne présentant pas de syndrome pré-menstruel (notamment celle de Antonios Tsampoukos1en 2010). Or, il se trouve que c'est plutôt cette période qui gêne les sportives de haut niveau : fatigue, douleurs pelviennes, lombaires ou au niveau de la poitrine. La prise de poids pouvant arriver pendant cette phase peut également poser problème, surtout pour les femmes qui exercent un sport à catégorie de poids comme le judo, la lutte ou encore l'aviron.

Cycle menstruel et effet sur la concentration

L'aspect psychologique ne doit pas être négligé non plus. De nombreuses femmes voient leur mental fragilisé par le syndrome pré-menstruel. Or, le mental lors d'une compétition… C'est un des facteurs les plus importants du succès. En période menstruelle, les sportives peuvent également être préoccupées par leur protection et se déconcentrer plus facilement. Le tabou qui règne dans ce milieu par rapport aux saignements ne leur permet pas de se donner à fond sereinement.

Il a été également montré que pendant les règles, le temps de réaction était plus long que pendant le reste du cycle. Cet effet est dû à l'action des prostaglandines qui circulent dans le cerveau. Malheureusement, sur une course de 100 mètres, quelques millisecondes peuvent faire la différence…

 

Le ressenti des sportives pendant leurs menstruations

Certaines athlètes ont réussi à briser le tabou en déclarant clairement que leur manque de résultats à telle ou telle compétition était dû à leurs règles. C'est par exemple le cas de la nageuse chinoise Fu Yuanhui qui n'a pas été très performante, selon ses propres paroles, au relais 4x100m des Jeux Olympiques de Rio en 2016. À la fin de la compétition, elle a déclaré s'être sentie très fatiguée suite à l'arrivée de ses règles la veille de l'épreuve. L'équipe a remporté la 4e place. En aurait-il été autrement si Yuanhui avait eu ses règles un autre jour ?

Des solutions peu recommandables

Afin de ne pas avoir leurs règles en période de compétition, certaines sportives enchaînent les plaquettes de pilules. Si cette pratique n'est pas problématique lorsqu'elle est effectuée de manière ponctuelle, elle peut avoir de graves conséquences à long terme. Le manque d'œstrogènes dans l'organisme est en effet responsable de l’ostéoporose, entre autres. Les fractures sont donc beaucoup plus courantes : pas idéal pour qui que ce soit mais encore moins pour des sportives de haut niveau.

 

Les menstruations peuvent être un réel problème pour les sportives pendant une compétition. Ne négligez pas pour autant la pratique d’une activité physique pendant vos règles : cela permet souvent de calmer les douleurs !

Par Emilie